Hommage à Joel « Taz » DiGregorio (Charlie Daniels Band)

La nouvelle est tombée comme ça, aussi brutalement que sa disparition du côté de Nashville, ce mercredi 12 octobre 2011 à l'âge de 67 ans. Taz n'est plus avec nous et est allé rejoindre dans l'au-delà le grand orchestre sudiste hélas déjà tellement fourni. Son corps n'a pas résisté aux blessures causées par un terrible accident de voiture alors qu'il s'apprêtait à rejoindre le Charlie Daniels Band pour quelques concerts. Il n'avait pas bouclé sa ceinture de sécurité, et il a été éjecté de son véhicule, après que celui-ci eût heurté un arbre. « Oak tree, you're in my way... ». Mais qui était ce Taz dont la disparition afflige tous les connaisseurs de rock sudiste?

A moitié Français, comme il le disait lui-même, malgré son nom aux consonances italiennes, et grand amateur de notre capitale, Joel « Taz » Di Gregorio accompagnait Charlie Daniels depuis... 1964 (!) d'abord dans son groupe, les Jaguars, puis à partir de 1970 dans le Charlie Daniels Band. A l'époque, ce pianiste doué et influencé par Ray Charles, le blues et le rhythm'n blues partage à parts quasiment égales le chant solo avec son leader et ami. Même si son influence vocale va un peu décliner avec les années, le rôle de Taz au sein de la formation restait très important, tant au travers de ses parties instrumentales que par son talent d'écriture, car il avait co-écrit quelques uns des plus grands succès du groupe comme "The Devil Went Down To Georgia". Sur scène, coiffé de son éternel Stetson, toujours à la droite de son leader, Taz en était aussi le principal soutien.

En dehors de son rôle éminent dans le CDB, Taz s'était aussi fendu de deux albums solo très remarqués, « Midnight in Savannah » et « Shaky Rag » tous deux très marqués par le blues et l'apport au rock sudiste des musiques noires. Ces deux albums avaient permis de remettre aussi au premier plan ses fabuleuses capacités de chanteur, grâce à une voix très expressive, légèrement voilée, qui faisait merveille dans le rhythm'n blues.

Son surnom, Joel l'avait gagné au lendemain d'une nuit agitée, au début des 70's, quand à la vue de ses cheveux hérissés et de ses yeux rouges au réveil, Jessie Greg, le premier road manager du CDB l'avait comparé à un diable de Tasmanie. Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce petit bonhomme en apparence (surtout à côté du colosse Charlie Daniels) en était un grand sur le plan musical et faisait partie de la légende du rock sudiste, et si son influence n'apparaît pas aussi évidente que celle des grands leaders, elle existe réellement et se sent particulièrement auprès de tous les musiciens qui pratiquent ce style. Charlie Daniels se dit en état de choc, comme on le comprend... Taz sera impossible à réellement remplacer : comment mesurer les liens de 47 ans d'amitié et de route? Sa perte immense, à la fois pour Charlie, pour le groupe, pour le rock sudiste en général et pour la musique, intervient une fois encore de manière prématurée.

Toute la rédaction de RTJ adresse à sa femme, ses quatre enfants ainsi qu'à toute sa famille, à Charlie qui doit se sentir bien seul aujourd'hui, et à tous les membres du groupe, passés comme actuels, toutes ses plus sincères condoléances. Repose en paix, ami Joel!

Y. Philippot-Degand